Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/61

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Un autre auteur non moins compétent[1] ajoute à ce tableau : « Le travail n’est pas considéré comme dégradant chez les Berbères en général et tout le monde s’y livre ; aussi cette société ne comporte-t-elle pas cette distinction choquante entre nobles qui ne font rien et serfs qui les nourrissent. » Voici, pour en finir, le témoignage de M. C. Devaux[2] : « Si un individu se trouve dans l’impossibilité de cultiver son petit patrimoine faute d’animaux nécessaires, de reconstruire sa maison faute d’argent, la djemâa (assemblés communale analogue à la Landsgemeinde de la Suisse allemande), décide qu’une corvée générale aura lieu. Nul ne peut en être exempt. »

Les Kabyles, de même que les Touareg, ces hommes belliqueux qui donnent aux combats la meilleure part de leur existence, jouissent donc de la plus entière liberté : ils ignorent si complètement les équivoques bienfaits de la différenciation sociale, qu’ils ne se divisent même pas en travailleurs et en fainéants ; les riches ne s’y distinguent pas des pauvres[3]. D’autre part, nombre de peuples livrés au despotisme depuis de longs siècles, poussent le

    Lors de la grande famine de 1818, plus de 10 000 Arabes vinrent chercher refuge dans les montagnes du Djurdjura. Cette troupe de moribonds fut tout entière secourue, hébergée tant que dura le fléau. Et cependant, une haine séculaire sépare les deux races !

  1. A. Pomel, Des races indigènes de l’Algérie.
  2. Les Kabaïles du Djurjura.
  3. « En assistant à une djemda, il est très difficile de dire qui sont les pauvres et qui sont les riches. » E. Renan, art. cité.