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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/151

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HUITIÈME LEÇON. 145

cution des Romains et des Juifs. Saint Paul, par ses seules prédications et par quelques épîtres discrètes, soulevait de sanglantes contradictions : quels orages n’eût-il point déchaînés en écrivant une nouvelle loi dans le but d’abroger l’ancienne ? Les Apôtres n’ont écrit que par nécessité, incomplètement et accidentellement 1. Les Evangiles ne sont ni un code, ni une charte. Ils ne peuvent être considérés comme un juge suffisant de controverses. J’ajoute qu’un livre ne peut ni gouverner ni enseigner tout le monde. Or, la société chrétienne tout entière devait être gouvernée et enseignée. Mais, avons-nous dit dans la dernière leçon, il y a quelque chose d’antérieur aux Evangiles, de plus complet, de plus puissant, un corps de pasteurs qui instruisait, jugeait, gouvernait dès les premiers jours, à savoir, l'Eglise.

Voilà, Messieurs, ce que je voudrais vous faire comprendre aujourd’hui. Voilà ce qu’il importe d’établir à la fois contre les protestants et les incrédules. L’existence de cette société chrétienne antérieure aux Evangiles se prouve d’abord par le propre témoignage que l’Eglise se rend à elle-même. Une société est en effet une personne morale qui vit et se développe à travers le temps. Eh bien ! quel témoignage la vieille société chrétienne debout et vivante de-

1 Pour se convaincre de la vérité de cette observation, qu’on consulte les endroits suivants des lettres de saint Paul :II Thess., II, 14 ; —Timothée, VI, 20 ; — I Cor., II, 34. — Nous renvoyons également le lecteur à l’év. saint Jean : XXI, 25 ; et à Eusèbe : Hist. ecc., liv. III, ch. 36 ; liv. IV, ch. 8. 10