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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/150

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144 LES ÉVANGILES.

plus faciles à constater et à défendre que les origines lointaines et l’histoire d’un livre dont tous les titres ne sont point parvenus jusqu’à nous. C’est pour cela, à mon avis, que Bergier et le cardinal de la Luzerne ne seraient peut-être point à blâmer, s’ils avaient soudé moins étroitement l’authenticité de la Bible à la démonstration du grand fait de la révélation. Les preuves de crédibilité de la révélation reposent sur un fondement plus large, et l’édifice de l’Eglise subsisterait même sans les Ecritures, si, par impossible, celles-ci venaient à lui manquer. L’autorité des Evangiles est certaine, les preuves qui l’établissent sont solides ; mais l’Eglise est ici la suprême garantie, comme l’a déclaré saint Augustin lui-même : Ego evangelio non crederem nisi me Ecclesiœ catholicœ commoveret auctoritas.

Résumons la leçon précédente.

Nous avons montré que les Evangiles n’étaient pas l’acte constituant de l’Eglise, et qu’avant eux l’Eglise était déjà fondée. Jésus-Christ n’a point écrit, il n’a pas commandé d’écrire. Il a enseigné sa doctrine en s’adressant à la mémoire , sous une forme merveilleusement propre à vivre dans le souvenir. Enfin les usages de la société juive ne se prêtaient point à la prédication écrite ; et de fait, les disciples immédiats de Jésus-Christ ont beaucoup prêché et très-peu écrit.

Les Evangiles ne sont point un recueil complet de doctrine et ne pouvaient l’être. Il eût été dangereux de tout écrire : c’eût été imprudemment provoquer la persé-