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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/215

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DIXIÈME LEÇON. 209

faisaient trois mille deux cents as. Chacun aurait reçu un peu plus que la moitié d’un as, c’est-à-dire trois centimes ! Philippe avait raison : trois centimes pour un dîner, c’est évidemment trop peu.

Nous remarquons dans l’Evangile une autre circonstance assez frappante où il est question du denier. C’est lorsqu’une pieuse femme vint trouver Jésus à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, et versa sur la tête du divin Maître un vase rempli du nard le plus fin et le plus précieux (unguenti nardi spicati pretiosi). Le nard, en se répandant, embauma tout l’appartement. Ce parfum, dit Judas, aurait pu être vendu plus de trois cents deniers. Trois cents deniers équivalent à peu près à deux cent quarante francs.

L’Evangile fait remarquer que c’était du nard fin, non mélangé. Mais, dira-t-on, une fiole de parfum coûtant deux cent quarante francs, c’est énorme, c’est impossible.

— Messieurs, ce n’est point impossible. Pline évalue le prix du nard (Hist. nat., XIII, 2, 8), et voilà qu’il s’accorde si exactement avec l’appréciation de Judas que l’on pourrait vraiment en être surpris. Selon l’apôtre infidèle, le parfum répandu est si pur et si fin qu’on ne se trompe pas en l’évaluant à 300 deniers. Ce chiffre indique précisément, selon Pline, le prix le plus élevé du meilleur parfum. Voici ses propres paroles : Pretia ei adenariis XXV ad denarios ccc. La mesure commune de ce parfum valait au temps du savant naturaliste de vingt-cinq deniers à trois cents.

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