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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/352

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les arts, la religion, chez les Grecs et chez les Romains. Il profita d’un voyage en Grèce pour se faire initier aux mystères d’Eleusis. La vanité du paganisme ne tarda pas à lui apparaître : il se fit chrétien et se rendit quelque temps après à Rome, où il connut saint Justin, le martyr, et devint son disciple. Tout le temps que vécut saint Justin, Tatien demeura ferme dans la foi : il fut même appelé à la confesser et sur le point de donner son sang pour elle. Mais, après la mort de son maître, il retourna dans sa patrie et se laissa gagner par des hérétiques dont il embrassa les erreurs. Ces hérétiques formaient la secte des Encratites. Pour eux, comme pour les Gnostiques, la matière était un élément mauvais dont il fallait autant que possible éviter le contact. Ils ne permettaient ni l’usage du vin ni celui des viandes, et condamnaient même le mariage. Jésus-Christ, disaient-ils, allait bientôt venir juger le monde, c’est pourquoi chacun devait affranchir son âme du joug de la matière, et la garder ensuite sans souillure jusqu’au jour prochain du jugement final.

Tatien composa de nombreux ouvrages ; mais presque tous sont perdus. Parmi ceux-ci, il faut citer une harmonie des quatre Evangiles, c’est-à-dire une combinaison des textes de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean, disposée de manière à compléter les évangiles les uns par les autres. Tatien avait donné à cet ouvrage le nom de διὰ τεσσάρων. Les catholiques le trouvèrent si utile qu’ils l’adoptèrent pour eux-mêmes. Ils ne l’auraient pas