Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/447

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Il est impossible de répondre à cette question avec certitude. Cependant si l’on fait attention à la popularité qu’obtinrent de si bonne heure les prologues de saint Jérôme, qui furent partout substitués aux prologues anciens dans les manuscrits latins, on donnera pour date à la notice trouvée par Thomasius au moins le Ve siècle.

Toutefois cette question encore n’est que d’une importance secondaire pour le but que nous poursuivons. Ce fragment suppose que son auteur avait encore sous les yeux les livres de Papias. On sait que cet ouvrage a été conservé longtemps et n’a disparu que tard [1].

Si maintenant nous considérons le fragment même de Thomasius, il est clair que la première phrase suppose que Papias a parlé de l’évangile de saint Jean : elle se rapporte évidemment aux écrits de Papias. Quant au reste de la citation, il se pourrait à la rigueur qu’elle fût puisée à des sources différentes. Il serait possible de séparer les diverses phrases et d’attribuer à chacune une autorité et une origine différentes. L’autorité de la première pourrait subsister indépendamment du sort des autres. Toutefois, nous sommes d’avis que la citation tout entière est inspirée par les écrits de Papias, qu’elle reproduit plus ou moins fidèlement. Nous en donnerons nos raisons. Mais, pour procéder avec méthode, nous allons discuter dans l’ordre où elles se présentent chacune des quatre phrases du texte de Thomasius.

Voici la traduction de la première :

L’évangile de Jean a été publié et donné aux Eglises par saint Jean lui-même et de son vivant, comme l’écrivain nommé Papias, d’Hiérapolis, disciple chéri de Jean, le rapporte in exotericis, id est in extremis quinque libris. Cette première phrase est claire, sauf les derniers mots : l’auteur inconnu affirme, d’après Papias d’Hiérapolis, disciple de Jean, que le quatrième évangile a été publié et distribué aux Eglises pendant que l’Apôtre vivait encore. En disant que

  1. Voy.,Routh, reliq. sacr.,1, p. 5.