92 LES ÉVANGILES.
une province éloignée de l’empire romain. Les dominateurs et les maîtres des Juifs gardaient pour eux des sentiments de haine et de mépris : Natio servituti nata, disait Cicéron. L’exclusivisme juif, une opiniâtreté sans exemple, mettaient ce peuple au ban des nations. Les premiers fondateurs de l’Evangile étaient pris dans les rangs les plus bas de ce peuple haï, et si l’on excepte saint Paul, ils n’avaient même pas le titre de citoyen romain. Là ne s’arrêtent pas les obstacles. Au moment où le christianisme triomphe, la société romaine s’affaisse et croule de haut en bas sous les invasions barbares. L’empire d’Occident périt au moment de l’entrée d’Alaric à Rome ; l’empire d’Orient disparaît le jour où Mahomet impose l’islamisme à Héraclius. Le christianisme, pour vivre, doit reconstruire ces sociétés et arrêter les Turcs triomphants. Il le fait, Messieurs, et son règne s’étend à toutes les nations civilisées ! Le christianisme a-t-il pu réaliser tant de choses impossibles sans miracles ? Non ; et l’incrédule, selon saint Augustin, n’a que le choix entre deux prodiges. Ou bien il doit croire au surnaturel de l’Evangile et de l’histoire ecclésiastique ; ou bien, s’il n’y croit pas, il proclame l’événement le plus surnaturel qui soit au monde : la foi du monde au Christ et le règne de l’Eglise sans miracle. Donc, Messieurs, les miracles, loin d’empêcher l’histoire, en forment un élément essentiel ; ils entrent comme partie intégrante dans le récit de l’établissement du christianisme. Sans eux nous ne trouverions nulle part la raison suffisante du plus grand événement de la vie de l’humanité.