Page:Meilhac et Halévy, La Diva.djvu/82

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L’AMOUR.

Oh ! oh ! vous n’avez pas été fâchée de vous poser un brin, en faisant croire au colonel que vous étiez actrice.

PALESTINE.

Comment, pas fâchée de ?… pas du tout, c’est une complaisance.

Vivement à son rôle.

Je viens, moi, la chaste déesse,
Moi, dont le casque d’or est orné d’un hibou,
Moi, déesse de la sagesse…

L’Amour éclate de rire. Madame Palestine s’interrompant :

Écoutez, ma petite, si j’avais l’habitude du théâtre, ça me serait bien égal que vous me fassiez tous vos hi ! hi ! hi ! et tous vos ha ! ha ! Je trouverais bien moyen de m’occuper ; mais je joue ce soir pour la première fois, alors vous devez comprendre… Si au lieu d’être sérieuse, vous vous mettez à faire des cascades…

L’AMOUR.

Moi, je fais des cascades ?

PALESTINE.

Certainement, et ce n’est pas d’une bonne camarade ; vous avez de l’expérience, vous… Il y a longtemps que vous jouez la comédie, et je ne comprends pas que le jour où vous avez près de vous une petite camarade qui débute…

L’AMOUR.

Et je vous dis, moi, que je ne fais pas de cascades.

PALESTINE.

Vous en faites, vous n’en faites pas, vous me gênez, enfin…

L’AMOUR.

Si je vous gêne, je vais m’en aller.

PALESTINE.

Eh bien ! là, vrai, je n’osais pas vous le dire… Mais il me semble que si vous vous en alliez, je serais plus à mon aise.

L’AMOUR.

Eh bien ! je m’en vais alors.

Il sort.