Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, II.djvu/254

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Voilà tout leur camp dans la joie !
« Du vin ! Buvons,
Et nous grisons ! »
Dans le vin leur raison se noie…
Moi, j’attendais,
Et j’espérais.
Le lendemain, bonheur insigne !
Ils acceptèrent le combat !
Je les vis se ranger en ligne,
Mais, seigneur dieu ! Dans quel état !
Ils se répandent dans la plaine,
Butant, roulant,
Déboulinant ;
C’était comme un grand champ d’avoine,
Au gré du vent,
Se balançant !
Devant son armée en goguette,
Leur général, l’œil allumé,
Gambadait, gris comme une trompette,
Et me criait : « Ohé ! ohé ! »
Je lui réponds : « viens-y, ma vieille ! »
Tout aussitôt,
Le pauvre sot
Se fâche, brandit sa bouteille,
Et, trébuchant,
Marche en avant !…
Non ! c’était à mourir de rire !
Sous ce général folichon,
Une armée entière, en délire,
Chantait la mère Godichon…
Ah ! la bataille fut bouffonne !
On en poussait
Un, tout tombait.
Du reste, on n’a tué personne :
C’eût été mal !…
Mais c’est égal,
Vos soldats ont fait des merveilles,
Et le soir, c’est flatteur pour eux,
Le soir, sur le champ de bouteilles
Ils ont couché victorieux !
Tous.

Vive le général Fritz !