Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, II.djvu/35

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laisser faire : quel prétexte donner? Nous n'avions ni l'un ni l'autre de torts réels... Mais si l'un de nous consentait à avoir des torts réels?...

HENRIETTE. Si l'un de nous consentait?...

KERGAZON. Moi, bien entendu, ce serait moi... Nous pourrions alors arriver à une séparation sérieuse...

HENRIETTE. Vraiment, monsieur, vous auriez un moyen?... Ell se rapproche.

KERGAZON. On m'en a proposé deux : le premier serait de vous rouer de coups devant témoins.

HENRIETTE. Je voudrais voir ça!...

KERGAZON. Le second serait d'introduire une maîtresse dans le domicile conjugal. C'est à ce second moyen que je me suis arrêté.

HENRIETTE. Vous auriez une maîtresse, vous?

KERGAZON. Il n'est pas indispensable que j'aie une maîtresse... Il suffit que j'introduise dans le domicile conjugal une personne qui aura l'air d'être ma maîtresse... Voici donc ce que j'ai imaginé. Vous allez passer vingt-quatre heures en Normandie, chez votre tante. Au bout de ces vingt-quatre heures, vous revenez, vous constatez, vous faites constater par qui de droit la présence de la personne... et il vous est facile, alors, d'obtenir une séparation que ni amis ni parents ne parviendront à empêcher.