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ACTE PREMIER.
BARBE-BLEUE.
II
- Si quelque jour, bientôt peut-être,
- D’un mari je te fais présent,
- Ce jour-là, tu nous promets d’être
- Digne de lui, comme à présent.
BOULOTTE, se levant.
- Vous promettre ça ?… Je l’veux bien,
- Attendu qu’ça n’m’engage à rien !
BARBE-BLEUE.
- Écoutez, manants et vassaux !…
- Je vais faire une chose immense !
- Grands principes, je vous devance !
- J’inaugure les temps nouveaux !
- Moi, noble et grand seigneur de race haute et fière,
- Sire de Barbe-Bleue et de maints autres lieux,
- J’entends que le palais s’unisse à la chaumière ;
- Prince, j’épouse une bergère
- À la barbe de mes aïeux !
LE CHŒUR, intrigué.
- Une bergère !
BARBE-BLEUE, montrant Boulotte.
- Cette bergère !
POPOLANI, crevant de rire, à part.
- Ah ! quelle bergère !
LE CHŒUR.
- Prince, il épouse une bergère !
BOULOTTE, saisie.
- C’est-y ben vrai, mon doux seigneur ?
BARBE-BLEUE, simple et grand.
- Ma parole d’honneur !
BOULOTTE, faisant la révérence.
- Ah ! pour moi quel honneur !
POPOLANI, bas, à Boulotte.
- Femme de Barbe-Bleue ! et vous n’aurez pas peur ?