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ACTE TROISIÈME.
BARBE-BLEUE.
Arrêtez ! arrêtez !

(Tout le monde redescend.)

BOBÈCHE et SAPHIR.
Pourquoi donc s’arrêter ?
BARBE-BLEUE.
Vous le saurez, messire…
J’ai quelques mots à dire,
Que vous ferez bien d’écouter,
BOBÈCHE.
Quoi ! sitôt de retour ?
CLÉMENTINE.
Et vous reparaissez tout seul à notre cour ?
BARBE-BLEUE, avec beaucoup de tristesse.
Madame ! ah ! madame !
Plaignez mon tourment !…
J’ai perdu ma femme,
Bien subitement !

(Mouvement général.)

Sur sa haquenée
Elle allait trottant,
De sa destinée,
Point ne te doutant !…
La nuit était belle,
Le bois était noir…
« Ah ! me disait-elle,
Qu’il fait bon, ce soir ! »
Femme que j’adore,
Là-bas je te vois,
Et je crois encore
Être dans ce bois,
Où, d’une voix forte,
Tu poussas un cri,
Disant : « je suis morte !… »
Et ce fut fini !

(Avec beaucoup moins de tristesse.)

C’est un coup bien rude,
Rude à recevoir,
Malgré l’habitude
Qu’on en peut avoir !