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Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, III.djvu/330

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BARBE-BLEUE.

Je lui ferai faire,
Un beau monument…
Mais sur cette affaire
Glissons à présent !
Allons, soyons homme !…
Chacun est mortel !
La défunte, en somme,
Est heureuse au ciel !
Mais moi… moi, je reste !
Me revoilà veuf…
Cet état funeste
Pour moi n’est pas neuf !
Quand, du fond de l’âme,
Je crierais, hélas !
À quoi bon ?… ma femme
Ne renaîtrait pas.

Avec beaucoup de gaîté.

Donc, cueillons des roses,
Un peu de gaîté,
Et prenons les choses,
Par leur bon côté !
Foin de la tristesse !
Vive le plaisir !
La seule sagesse
Est de s’esbaudir !
L’amour, c’est la vie !
La vie est un bal !
Vive la folie,
Et le carnaval !

A Bobèche.

Or, ta fille est belle,
Et je viens soudain
De mademoiselle
Demander la main.

Stupéfaction générale.

BOBÈCHE.
Ne sais si je dors ou je veille !
Comprend-on audace pareille !
Vous, la main de ma fille !…
BARBE-BLEUE.
Vous, la main de ma fille… Oui, tels sont mes souhaits.
BOBÈCHE.
Jamais !