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LA PÉRICHOLE
II
Comment ! tu vois, que j’ai la chance,
Et tu veux tout brouiller ici !
Manquerais-tu de confiance ?
C’est un défaut chez un mari.
Laisse-les donc finir, ces fêtes,
Et puis après tu verras bien…
Nigaud, nigaud, tu ne comprends donc rien ?
Mon Dieu ! que les hommes sont bêtes !
PIQUILLO.
C’est vrai, j’ai tort de m’emporter :
Venez, je vais vous présenter !
Mouvement général d’attention. — Piquillo prend la Périchole par la main et s’adresse à Don Andrès.
Écoute, ô roi, je te présente,
À la face de tous ces gens,
La femme la plus séduisante…
Et la plus fausse en même temps !
Prends garde à sa câlinerie
De sa voix et de son regard !
En elle tout est menterie…
Je m’en aperçois… mais trop tard !
Elle te dira qu’elle t’aime,
Pauvre vieux, et tu la croiras,
Comme je la croyais moi-même !…
Voyez, qui ne croirait pas ?
Puisque tu la veux pour maîtresse,
Garde-la… mais veille dessus !
Garde-la bien, je te la laisse,
Et m’en vais car je n’en veux plus !

À la fin du morceau, Piquillo jette la Périchole sur les marches du trône. Don Andrès aide la Périchole à se relever. Grand mouvement d’indignation.

DON ANDRÈS, furieux et désignant Piquillo.
Sautez dessus !
Sautez dessus !
Don Pedro et Panatellas vont se placer derrière Piquillo, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.