Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VII.djvu/265

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de Grenade ait ses trois millions, ou qu’elle ne les ait pas ?

FALSACAPPA.

Ah çà ! mais… ah çà ! mais…

LE CAISSIER, montrant le billet.

Voilà un bon billet de mille francs… et ce n’est pas un billet de mille francs comme il y en a dans les théâtres… avec des bêtises écrites dessus !… non, c’est un bon billet de mille francs, un vrai… voyez… vous pouvez voir… Eh bien ! moi, qui suis un bon enfant, je le mets là, ce billet… (Il le met sur la table, devant Falsacappa.) et, une fois que je l’ai mis là, je n’y pense plus, plus du tout… (Se levant.) Qu’est-ce que j’ai fait de ma plume ?… Ah ! elle est là, sous la table… je vais la chercher, vous entendez, je vais chercher ma plume… et je ne pense plus au bon billet de mille francs…

Il disparaît sous la table.

FALSACAPPA, se levant et faisant le tour de la table.

Eh bien mais qu’est-ce qu’il fait ?… qu’est-ce qu’il fait ?…

LE CAISSIER, reparaissant de l’autre côté de la table, à part.

Il n’a pas pris le billet… c’est un honnête homme !…

FALSACAPPA.

Ah çà, mais… voyons, à la fin… ces trois millions ?…

LE CAISSIER, se relevant.

Chut !

FALSACAPPA.

Comment, chut ?…

LE CAISSIER.

Taisez-vous donc !… je vais vous parler comme à un honnête homme… je sais maintenant que vous êtes un honnête homme…