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aganim ագանիմ « je m’habille » (aor. agay ագայ), cf. lit. aunù « je me chausse ».

Ils ont souvent été substitués à un présent sans nasale, ainsi : cnanim ծնանիմ « je nais » (aor. cnay ծնայ), cf. skr. jánate « il engendre », gr. γίγνομαι (gignomai), lat. gignō, nāscor, etc. ;

meṙanim մեռանիմ « je meurs » (aor. meṙay մեռաայ), cf. skr. mriyáte « il meurt », v. sl. mĭrõ « je meurs » ;

p‘lanim փլանիմ « je m’écroule » (aor. p‘lay փլայ), cf. lit. púolu « je tombe », v. h. a. fallan, et sans doute gr. σφάλλω (sphallô) ;

ankanim անկանիմ « je tombe » (aor. ankay անկայ), cf. got. sigqan.

γ) Présent en -č̣- –չ–.

79. — Ces présents essentiellement primaires sont accompagnés d’un aoriste en -eay –եայ. Quelques-uns sont sans nasale ; les principaux exemples sont : t‘ak‘č̣im թաքչիմ « je me cache » (aor. t‘ak‘eay թաքեայ), cf. gr. πτῶξ, πτάξ, πτωσϰάζειν (ptôx, ptax, ptôskazein) « se retirer d’une manière craintive », peut-être aussi lat. tacēre, got. Þahan « se taire » ; t‘ṙč̣im թռչիմ « je m’envole » (t‘ṙeay թռեայ)] kaṙč̣im կառչիմ « je m’accroche » (kaṙeay կառեայ}}) ; hangč̣im հանգչիմ « je me repose » (hangeay հաՆգեայ) ; matč̣im մատչիմ « je m’approche » (mateay մատեայ) ; p‘axč̣im փախչիմ « je m’enfuis » (p‘axeay փախեայ). D’autres ont une nasale ; ils sont au nombre de trois : erknč̣im երկնչիմ « j’ai peur » (aor. erkeay երկեայ), kornč̣im կորնչիմ « je péris » (koreay կորեայ) ; martnč̣im մարտնչիմ « je combats » (marteay մարտեայ). L’emploi du type en -i- –ի– dans ces verbes tient au sens ; et en effet deux verbes de forme nasale qui ont le même suffixe ont -e- –ե– čanač̣em ճանաչեմ « je connais » (aor. caneay ծանեայ, avec le c ծ étymologique conservé, v. § 9) ; mełanč̣em մեղանչեմ « je commets une faute » (aor. mełay մեղայ). Le phonème č̣ չ représente une gutturale suivie de y ; d’autre part, le sens inchoatif de la série suggère un rapprochement avec les verbes latins en -scō, grecs en -σϰω (-skô), etc. Il y a donc élargissement d’un présent en *-ske- par le suffixe *-ye-, comme sans doute dans gr. ἐγρήσσω (egrêssô) et dans att. δεδίττομαι (dedittomai) en regard de δεδίσϰομαι (dediskomai) « je crains » : la formation de erknêč̣im երկնչիմ serait ainsi parallèle à celle de δεδίττομαι (dedittomai), sauf le redoublement que l’arménien n’a pas et la nasale qui ne se trouve pas en grec. Il est