Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/76

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*-yo- dans mēǰ մէջ « milieu », instr. miǰov միջով, cf. skr. mádhyaḥ, lat. medius ; *-no- dans mun մուն « mouche », instr. mnov մնով, cf., avec d’autres suffixes, lat. mus-ca, lit. mus-è (cf. gr. μυῖα), v. sl. muxa ; *-to- dans mard մարդ « homme », instr. mardov մարդով, cf. skr. mr̥táḥ « mort » ; *-ko- dans barwok‘ բարւոք « bon » ; *-ro- dans tur-k* տուր–ք, instr. trov-k տրով–ք « don », cf. gr. δῶρον, v. sl. darŭ ; et *-°ro- dans dalar դալար « vert, frais », instr. dalarov դալարով, cf. gr. θαλερός ; *-tro- dans arawr արաւր « charrue », instr. arawrov արաւրով, cf. lat. arātrum, etc. — En outre il semble que les anciens thèmes en *-es- du type skr. nábhaḥ « nuée », génit. nábhasaḥ, gr. νέφος, νέφεος, v. sl. nebo, nebese aient donné en arménien des thèmes en -o- : hot հոտ « odeur », instr. hotov հոտով rappelle lat. odor (ancien *odôs), gr. (εὐ-)ώδης « de bonne odeur » ; get գետ « fleuve », instr. getov գետով avec vocalisme radical e qui s’explique par i.-e. *wedes-, cf., avec un autre vocalisme, gr. ὑδεσ- dans le datif ὕδει d’Hésiode (avec ὑδ- d’après ὕδωρ, et le dérivé skr. út-s-aḥ « source ». — Avant la perte du genre, quelques thèmes en -o- admettaient le genre féminin en arménien comme en grec et en latin, car nu նու, « bru », instr. nuov նուով, est thème en -o-, comme gr. νυός ; le mot mun մուն « mouche », cité ci-dessus, est thème en -o-, alors que dans les autres langues, la « mouche » est du féminin.

Les thèmes arméniens en -a- représentent les thèmes indo-européens en -ā- : am ամ « année », instr. amaw ամաւ, a déjà été noté ; on peut citer encore skesur սկեսուր « mère du mari », instr. skesraw սկեսբաւ, cf. gr. ἑϰυρά, et lezu լեզու « langue », instr. lezuaw լեզուաւ, dont la finale rappelle celle des synonymes skr. jihvā́, lat. lingua. Dans les composés qui désignent des personnes, on retrouve un -a- qui répond au suffixe des thèmes masculins tels que v. sl. voje-voda « conducteur d’armée », lat. agri-cola, gr. ὀρνιθοθήρας, ainsi ən-ker ընկեր « compagnon » (littéralement « qui mange avec », cf. pour le sens fr. compagnon, got., gahlaiba, littéralement « qui a le même pain »), instr. ənkeraw րնկերաւ, le thème -kera- qui est ici n’est donc pas le même que celui de ker կեր « nourriture », instr. kerov կերով ; de même les noms en -awor -աւոր se fléchissent en -a-, ainsi t‘agawor թագաւոր « roi » (porte-couronne), instr. t‘agaworaw թագաւորաւ ; -wor ne répond donc pas à gr.