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-φόρο- de στεϕανηφόρος, mais repose sur *-bhorâ-. Les noms d’agents en -ič̣ –իչ sont aussi fléchis en -a-, par exemple datič̣ դատիչ « juge », instr. datč̣aw դատչաւ ; ils ne reposent donc pas sur un ancien suffixe complexe *-ik-yo- (cf. sl. kovačĭ « faber », kotoričĭ « batailleur », etc.), mais sur *-ik-yā- (avec i bref ou long).

Les noms arméniens terminés au nominatif-accusatif par -i –ի sont les uns thèmes en -o-, les autres thèmes en -a- ; les premiers reposent donc sur i.-e. *-iyo-, c’est le cas des noms indiquant les habitants de tel ou tel lieu, comme giwłac̣i գիւղացի « villageois », de giwł գիւղ « village », instr. giwłac̣wov գիւղացւով, le suffixe -ac̣i ացի repose donc sur *-a-sk-iyo- ; il s’est formé sur des noms en *-ā- et renferme deux suffixes secondaires. Les noms en -i- –ի qui sont thèmes en -a- reposent sur i.-e. *-iyā- ; c’est le cas par exemple des noms d’arbres comme kałni կաղնի « chêne », instr. kałneaw կաղնաւ, de kałin կաղին « gland », ou des dérivés comme matani մատանի « bague », instr. mataneaw մատանեաւ, de matn մատն « doigt ». Les nombreux adjectifs dérivés en -i –ի sont aussi de la flexion en -a-, ainsi -azgi ազդի « de race », instr. -azgeaw –ազգեաւ, de azg ազգ « race » ; plus anciennement ces adjectifs avaient peut-être, à la fois un masculin en *-iyo- et un féminin en *-iyā-, ainsi lat. patr-ius, patr-ia ; gr. πάτριος, πατρία ; skr. pítriyaḥ, pítriyā « paternel » ; de là vient peut-être que les mots en -i –ի fléchis en -a- –ա– présentent une combinaison de la flexion en -o- et de celle en -a-, gén.-abl. -azgwoy –ազգւոյ, mais instr. -azgeaw –ազգեաւ, et de même matanwoy մատանւոյ « de la bague », mais instr. mataneaw մատանեաւ ; etc.

41. — Les thèmes arméniens en -i- comprennent d’abord les anciens thèmes en *i- : իժ « serpent », instr. ižiw իժիւ (de *ēghi-), répond à skr. âhih, av. ažiš, gr. ὄφις ; le suffixe *-ti- est conservé par exemple dans awt‘ աւթ « lieu de repos », instr. awt‘iw աւթիւ en regard de aganim ագանիմ « je passe la nuit », cf. gr. ἰαύω αὖλις ; bard բարդ « amas », instr. bardiw բարդիւ, cf. skr. bhr̥tiḥ ; spand սպանդ « tuerie », instr. spandiw սպանդիւ, cf. spananel սպանանել « tuer » ; le suffixe *-ni- dans ban բան « parole », instr. baniw բանիւ, cf. dor. φᾱμι, att. φημι, φωνή, v. sl. basnĭ, etc. — En second lieu les thèmes armén. en -i- –ի– représentent dans certains cas des thèmes indo-européens de féminins en *-yâ- ou *-yē-, dont