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X.

NÉCESSITÉ DE PRÉCISIONS NOUVELLES.


Les conclusions énumérées jusqu’ici sont de types divers. Les unes portent sur des faits historiques : l’italien, l’espagnol, le portugais, le français, le roumain sont des formes divergentes prises par le latin. Les autres expriment des possibilités générales : une consonne placée entre voyelles est sujette à des altérations auxquelles échappe une consonne initiale ou une consonne appuyée sur une consonne précédente. Mais, dans les deux cas, le procédé de démonstration est le même. On dira : les concordances entre italien, espagnol, etc. sont telles qu’elles excluent le hasard ; les différences de traitement entre les consonnes intervocaliques et les consonnes initiales ou appuyées sont telles quelles excluent le hasard. Tout le problème de méthode porte donc sur l’appréciation du hasard : le linguiste, observant que les dés retombent souvent du même côté, conclut qu’ils sont pipés. Mais combien de concordances et quelles concordances faut-il rencontrer pour qu’on considère comme inadmissible le caractère fortuit de la rencontre ?

On ne saurait faire intervenir le calcul des probabilités. Car les concordances ne sont pas de même sorte ni de même valeur. Le calcul des probabilités ne s’applique