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précisions nécessaires.

changement au moment même où il se réalise, et en voir le mécanisme. Pour les langues anciennes, le linguiste doit recourir à une philologie de précision : on s’est parfois imaginé que le linguiste peut se contenter d’à peu près philologiques ; il a besoin tout au contraire de tout ce que les méthodes philologiques les plus exactes permettent de précision et de rigueur.

Il faut instituer des recherches systématiques. Presque rien n’a été fait jusqu’ici pour établir par des recherches méthodiques les théories linguistiques. Seuls, quelques psychologues ont amorcé des séries d’expériences dont la plupart n’ont pas été poursuivies par d’autres.

Il importerait par exemple d’étudier avec soin en quelles mesures les habitudes linguistiques acquises se transmettent de génération en génération. On ne sait pas si un enfant apprend plus facilement la langue de ses parents qu’il n’apprendrait une langue différente, et surtout une langue de type différent. Il y a là toute une enquête à faire, et qui n’offre pas de difficultés particulières.

Certains faits donneraient lieu de croire que les enfants de parents connaissant bien plusieurs langues ou des enfants de parents bilingues seraient plus aptes à bien apprendre eux-mêmes des langues diverses que des enfants de parents parlant l’un et l’autre une seule langue et la même.

Le fait que des innovations semblables semblent apparaître vers le même temps chez les enfants nés dans les mêmes conditions relèverait de l’hérédité des habitudes acquises.

On entrevoit ici tout un ensemble d’observations et même de recherches expérimentales qui jetteraient sur