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une partie du domaine. Le nom de l’ours en fournit sans doute un bon exemple.

L’ours était commun sur toute l’aire occupée au début de l’époque historique par les langues indo-européennes (v. O. Keller, Thiere des classischen Alterthums, p. 106 et suiv.). Et il en existe une désignation dont le caractère indo-européen est certain :

skr. ŕ̥kṣaḥ, zd aršo (ἅπαξ (hapax) obtenu par une correction sûre, v. Bartholomae, Altiran. Wört., s. v.), afgh. yaž, signī yurš’ sariqolī yürx, yidghah yerš, māzandāranī , ossète ars (v. W. Miller, Spr. d. Osseten, p. 32).

gr. ἄρκτος (arktos) ; ce mot sert à la fois pour le mâle et pour la femelle ; et tel était l’usage indo-européen ; le féminin sanskrit classique r̥kṣi est une nouvelle formation nécessitée par le fait que le sanskrit n’a pas conservé de thèmes en -ă- féminins : le lat. ursa, dont la formation est différente, est aussi nouveau et remplace un *ursus féminin, de même que lupa remplace un lupus féminin attesté chez Ennius et chez Varron (v. Wölfflin, Arch. f. lat. lexicogr., III, 562 et VII, 280 ; Delbrück, Vergl. synt., I, p. 114 ; Neue-Wagener, Lat. formenlehre, I, p. 925 ; Niedermann, Contribut. à la crit. et à l’explicat. des gloses lat., p. 35 ; Wackernagel, Altind. gramm., II, p. 17 ; A. Meillet, Études sur l’étym. et le vocab. du v. sl., p. 246).

lat. ursus ;

irl. art, gall. arth ; la dédicace deae artioni « à la