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Page:Meiss - Considérations sur le Judaïsme, 1908.djvu/12

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une intelligence qui l’a conçue et une volonté qui l’a exécutée.

Il ne viendrait à l’idée de personne, devant un beau tableau, d’admettre que les couleurs se soient réunies et groupées d’elles-mêmes pour représenter, par exemple, un paysage avec ses détails, ses contours et sa perspective.

Il en est de même pour la création du monde. Quand nous voyons tous les savants de la terre incapables de créer, avec l’organisme mystérieux qui leur donne la vie, une simple feuille d’arbre, ou le brin d’herbe que nous foulons aux pieds, nous sommes bien forcés, devant le magnifique spectacle de la Nature, d’admettre un « Créateur » et de nous écrier avec la Bible : « אצבע אלהים הוא » « Ceci est le doigt de Dieu ! »[1]

Mais pour nous, Israélites, il est une autre preuve irréfutable de l’Existence de Dieu : « C’est celle de notre propre existence ».

Comme dit le Rituel de Pâque, « à toutes les époques, des ennemis ont surgi pour nous anéantir, mais Dieu nous a délivrés de leurs mains ».[2]

Jetons, en effet, un coup d’œil rapide sur l’histoire de notre race :

Après la ruine de Jérusalem, Rome, victorieuse mais impitoyable[3], arrache les Juifs au sol qu’ils ont arrosé de leur sang et les livre aux fauves du cirque l’« Inquisition » — cette institution infernale — les fait monter sur les bûchers allumés « pour la plus grande gloire de Dieu »[4] ; on invente contre eux les

  1. Exode, VIII, 15.
  2. Haggadah.
  3. Irati erant Romani quod Judæ soli non cessissent (Tacite).
  4. Ad majerem Dei gloriam.