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Page:Melanson - Pour la terre, 1918.djvu/14

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et j’attends ?

— Quelle dure corvée tu fais là tout de même ? Labeur ingrat, crois-moi.

— Rien sans peine. Mon travail servira à quelqu’un. Je pense à tous ces petits qui, demain, me demanderont du pain, et je me dis en moi-même : pauvres, indigents et même rois de la terre, c’est pour vous que je sème, voici le pain que je vous donne… et qui sait, ô mon Dieu, si ce froment ne deviendra pas la victime de nos autels, le pain des anges, l’aliment des âmes !

Et Paul continuait… Sa main plongeait plus avant dans le grand sac ouvert devant lui et c’est en belle pluie dorée que le blé tombait maintenant sur le sol.

La terre du guéret recevait tous ces grains avec respect et, l’enveloppant avec vigilance, semblait sourire et dire : Ne