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Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/32

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épaisses à travers lesquelles on ne discernait plus la face de Dieu.

Cette obscurité rendait difficile toute vie spirituelle et ceux qui parvenaient à l’atteindre le faisaient par soubresauts et au prix d’efforts angoissants, parfois supérieurs à leurs forces. L’atmosphère était tellement saturée d’éléments mensongers et trompeurs, que lorsqu’un courant sain et frais passait dans l’air, dissipant les miasmes agglomérés, le soulagement était intense. Quelques personnalités franches, propres et rares produisaient cet effet rafraîchissant, donnaient l’impression d’un bain froid dans une eau cristalline.

Mais ces rencontres étaient rares, car les mensonges n’altéraient pas seulement les paroles, mais les actes, les pensées et toutes les manifestations de la vie vécue. La vérité ne semblait plus exister nulle part, ses statues étaient partout renversées et lorsqu’on disait de quelqu’un « il ment, » l’accusation, comme je l’ai dit, avait presque perdu sa signification