Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/105

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rer : elle avoit les coudes sur la table ; & cachoit son visage de ses mains ; ma voix la tira de cet accablement, elle ouvrit des yeux baignez de pleurs, qu’elle tourna languissamment sur moi. En croirai-je mes yeux, me dit-elle, d’un air surpris ? Vous, Monsieur, dans ce lieu, c’est pousser trop loin la générosité ; elle n’exige pas que vous vous intéressiez davantage au sort d’une infortunée. Ah ! Mademoiselle ; lui répondis-je, vous êtes vous-même trop généreuse, laissez éclater contre moi des reproches qui ne sont que trop légitimes ; c’est moi, c’est mon imprudence qui vous a plongée dans les malheurs que vous essuyez. Cessez, Monsieur, reprit-elle, de vouloir diminuer ma reconnoissance, en vous accusant d’un malheur que vous n’avez pû prévoir ; mon cœur ne sçait pas mettre de différence en-