Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/28

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innocence & sa vertu ne la mettroient pas à l’abri des interprétations malignes que l’on pourroit donner à une pareille démarche. Elle garda pendant quelques momens le silence ; ses fréquens soupirs & ses pleurs témoignaient la situation de son cœur : le mien partageoit sa peine. Je lui dis : À Dieu ne plaise, Mademoiselle, que je vous aye fait une pareille objection pour vous affliger ; le Ciel est témoin de la sincérité de mon zèle ; il est tard, je vous offre un azile, une Dame chez qui je vais vous mener, vous conduira demain où vous souhaitez d’aller. Elle voyoit ma tristesse les pleurs qui couloient malgré moi de mes yeux étoient de sûrs garans de la part que je prenois à son fort, & de la pureté de mes sentimens. Elle accepta mon offre, en me protestant qu’elle