Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/42

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tions : je sentois que pour m’empêcher d’être la plus malheureuse personne du monde, il falloit que Barneuil brûlât pour moi des mêmes feux dont je me sentois pénétrée pour lui : Je n’osois m’en flater.

Quelque tems se passa de la sorte : je voyois tous les jours Barneuil, toujours également aimable, toujours également cher à mon cœur ; je surprenois quelquefois ses regards fixez sur moi, ils me paroissoient tendres & passionnez ; ils livroient mon cœur aux espérances les plus flateuses ; mais son silence me désespéroit. Foibles garans, m’écriois-je, d’un amour que je n’ai point inspiré, regards trompeurs, cessez de me faire illusion, Barneuil ne m’aime pas ; s’il m’aimoit, s’il sentoit pour moi des mouvemens pareils à ceux que je ressens pour lui, tarderoit-il à me