Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/43

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les venir déclarer : si je l’avois rebuté par des manières trop impérieuses, l’espoir ne seroit pas interdit à mon cœur ; la crainte de se voir méprisé l’auroit peut-être retenu ; mais mes yeux lui ont cent fois découvert le secret de mon âme, & il se tait… Non, il n’est plus tems de me flatter : malheureuse, j’ai donné entrée dans mon cœur à une passion dont je serai éternellement la victime. Mes pleurs étoient alors mon unique recours ; j’étouffois, je dévorois mon chagrin ; mais mon amour tiroit de nouvelles forces de mes larmes.

Un jour Madame de Valpré avoit prié Barneuil de lui faire la copie d’une petite piéce de vers qu’il nous avoit lûë ; ces vers étoient jolis, ils m’avoient plû ; je lui fis la même prière que ma tante, & dès le lendemain il ne manqua pas de les apporter ; il