Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/62

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avec mon amie ; nous allâmes dîner chez sa parente : de-là nous fumes entendre les Vêpres aux S… je crus distinguer une voix qui ne m’étoit pas inconnue ; je prêtai une oreille attentive : le son de cette voix s’insinuoit dans mon cœur, & y alloit réveiller des sentimens trop tendres, auxquels je ne me livrois qu’en tremblant. L’Office finit, je m’approche ; c’étoit Barneuil : sa pâleur & son habit, tout l’auroit rendu méconnoissable à des yeux moins perçans que ceux d’une Amante : s’il avoit jetté les siens sur moi, il auroit vû ce qui se passoit dans mon cœur. Le cruel disparut ; je m’arrachai avec douleur de cet endroit ; mais j’emportai le trait qui m’avoit percée : je ne cachai pas ma douleur à mon amie : Barneuil, lui dis-je, ce cher objet de ma tendresse, Barneuil vit encore : mais hélas, ce