Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est plus pour moi ! Il a eu le courage de s’ensevelir dans une solitude. Hélas ! il ne croit pas avoir laissé dans le monde une Maîtresse sensible à ses peines, qui les partage, qui les ressent plus vivement que lui : son cœur y aura bientôt oublié une foiblesse, qui feule peut faire le bonheur de ma vie. Mon amie me consoloit, & me faisoit espérer, qu’étant libre chez ma Tante, il ne me seroit pas difficile d’avoir quelques éclaircissemens avec Barneuil. On aime à se flatter, je la croyois ; quelque peu de vraisemblance que j’y trouvasse, cet espoir balança la douleur que je sentis en m’éloignant de ma chère amie ; mais les devoirs de l’amitié ne marchent qu’après ceux de l’amour. Je sortis enfin de ce Couvent terrible : je goûtois d’avance le plaisir délicieux, de voir à mes ge-