Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/64

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noux mon Amant plus tendre, me jurer un amour, dont la persécution qu’il venoit d’essuyer, n’avoit fait qu’augmenter la vivacité insensée : je ne faisois pas attention qu’une barrière impénétrable nous séparoit.

J’espérois que quelque coup du sort apprendroit à Barneuil ma situation ; je m’abandonnois à cet espoir enchanteur ; il m’arrivoit quelquefois de tracer sur le papier les sentimens de mon cœur ; je me livrois à tout ce qu’il m’inspiroit ; j’y peignois ses mouvemens avec d’autant plus de liberté, que ma flâme n’étoit pas gênée par la présence de ma Rivale ; j’y parlois à Barneuil ; je me plaignois de son inconstance, je lui reprochois sa crédulité ; foible consolation d’un amour malheureux. Je finissois ordinairement par déchirer ces papiers : un jour j’en laissai un