Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tressaillit en le voyant : je ne pus me défendre d’un mouvement d’envie que la générosité s’efforçoit envain d’étouffer : heureux rival, disois-je, que tu ne t’attens gueres aux douceurs du sort qu’on te prépare ; tes douleurs vont disparoître, la mienne restera : je suis de moitié dans tes sentimens. Que ne puis-je de même partager ton bonheur ! Passez légèrement, Monsieur, sur ces sentimens-là : ce ne sont que des bluettes d’un amour qui se débat, & qui est aux abois : vous ne croiriez pas que j’eusse aimé, si de tems en tems ma flâme ne s’échapoit : revenons à Barneuil ; il fut surpris de me voir ; il me demanda doucement ce que je désirois de lui ; je lui fis sentir qu’un Révérend qui étoit à côté de nous, pourroit nous entendre, & qu’il n’étoit pas à propos qu’il fût instruit du