Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/75

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sujet qui m’amenoit : nous passâmes dans le jardin, & là nous étant assis sur un banc, après un moment de silence, je lui demandai s’il connoissoit Mademoiselle de Bonneval. Ma question le surprit & le troubla : je l’entendois soupirer ; il m’envisageoit tristement, & sembloit chercher à démêler dans mes yeux le motif de ma curiosité : il baissoit aussi-tôt les siens, puis les rélevoit & les fixoit sur moi avec une nouvelle attention : une espèce de frémissement m’annonçoit son action avant qu’il les eût levez. Je vis le moment qu’effrayé du danger qu’il croyoit courir avec un étranger qui eût pû abuser de sa confiance ; il alloit fuir, je vis son dessein ; j’eus pitié de son inquiétude ; je le retins : Rassurez-vous, lui dis-je, Monsieur, je vois la cause de votre silence, mais je