Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/90

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un air indifférent, & je lui fis voir que rien ne seroit plus facile que de délivrer sa belle Maîtresse ; & quoique je sentisse toute l’imprudence de ma promesse, j’allai jusqu’à lui assûrer que Monsieur le Brun ne feroit pas difficulté de nous découvrir sa retraite, au moyen des démarches que je ferois pour cela, dont sans doûte son amour-propre seroit flatté. Le coup étoit porté ; Barneuil ne m’écoutoit plus : une profonde mélancolie venoit de s’emparer de lui tout à coup. C’en est donc fait, me dit-il, je ne la verrai plus ; malheureux ! Je suis fait pour servir d’exemple aux rigueurs de l’amour ; prêt de me voir le plus heureux de hommes, quel coup ! Adieu, Monsieur, continua-t-il en me serrant la main, je suis persuadé de votre bonne volonté ; je ne la méritois pas. Il sor-