Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/223

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ne s’inquiétait pas autrement de celui qui devait devenir le plus célèbre d’entre nous. Ces sortes de méprises, au commencement, ne sont pas sans exemple. Dans le cénacle ancien des romantiques, tout au début, Théophile Gautier fut pendant quelque temps une personnalité assez effacée, tandis que la camaraderie d’alors vantait et exaltait plus que de raison le bruyant et turbulent Pétrus Borel.

Sur ces entrefaites, il se produisit un événement considérable. Par l’indulgence de ma famille réconciliée enfin avec les rimes, je devins tout à coup le richard que j’avais cru deviner en Francis Coppée. J’eus un appartement, avec des chaises ! Tant de chaises, que huit ou dix Parnassiens pouvaient venir s’asseoir chez moi une fois par semaine ; et même, oublieux des famines de l’hôtel du Dragon-Bleu, nous avions cette opulence de manger quelquefois, entre des murs où il y avait des tentures et des tableaux, des gâteaux et des sandwichs suivis d’une tasse de thé. Presque un souper, c’était énorme.

Nous avions même un domestique, un étrange gamin parisien, hâve, maigre, falot, burlesque,