Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/224

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entendu, prêt à tout, surpris de rien, que j’avais rencontré un soir à la fête de Montmartre où il avait pour profession de gagner à tout coup des lapins et des oies, grâce à une adresse peut-être coupable. Après avoir flanqué une giffle à ce jeune gentleman qui m’avait bousculé dans la foule, j’observai sa mine éveillée qui me plut, et je lui ouvris de plus belles destinées en lui offrant d’être mon valet de chambre. Il consentit et reçut, avec une livrée, le nom de Covielle. D’ailleurs, son service, quoique délicat, n’avait rien de compliqué. Il consistait principalement à fermer la porte au nez des personnes qui pouvaient se présenter dans l’intention chimérique de réclamer de l’argent, — car on était riche, non sans quelques dettes, — et, pour lui faciliter sa besogne, pour que toute méprise lui fût impossible, il avait reçu l’ordre de ne laisser parvenir jusqu’à nous que les gens qui avaient ce mot de passe : Tragaldabas, Covielle se soumit à cette discipline sans aucune espèce d’étonnement et même il y ajoutait d’ordinaire quelque chose de son cru. À qui disait : « Tra, — gal ? » demandait-il, et il n’achevait : « bas » que quand on avait dit : « da ». En somme, un garçon