Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/266

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du matin et du soir pareils aux crépuscules de Corot, quel délice vous éprouverez à la voir si chaste, si noble et si belle. D’ailleurs, Léon Dierx qui croit et qui a raison de croire que l’inspiration doit être fécondée et dirigée par l’art, a su réagir contre sa naturelle tendance à la rêverie confuse. Acharné à la rude besogne, il a réalisé en très grand nombre des poèmes savamment et clairement composés, solidement construits, nets, aux contours robustes.

Voici l’un de ces fermes et beaux morceaux :


LAZARE


À la voix de Jésus, Lazare s’éveilla ;
Livide, il se dressa debout dans les ténèbres ;
Il sortit tressaillant dans ses langes funèbres,
Puis tout droit devant lui, grave et seul, s’en alla.

Seul et grave, il marcha depuis lors dans la ville.
Comme cherchant quelqu’un qu’il ne retrouvait pas,
Et se heurtant partout à chacun de ses pas,
Aux choses de la vie, à la plèbe servile.