Depuis que le Dompteur entra dans la forêt
En suivant sur le sol la formidable empreinte,
Seul, un rugissement a trahi leur étreinte.
Tout s’est tû. Le soleil s’abîme et disparaît.
À travers le hallier, la ronce et le guéret,
Le pâtre épouvanté qui s’enfuit vers Corinthe,
Se tourne et voit d’un œil élargi par la crainte
Surgir au bord des bois le grand Fauve en arrêt.
Il s’écrie ! Il a vu la terreur de Némée
Qui sur le ciel sanglant ouvre sa gueule armée
Et la crinière éparse et les sinistres crocs ;
Car l’ombre grandissante avec le crépuscule
Fait, sous rhorrible peau qui flotte autour d’Hercule,
Mêlant l’homme à la bête, un monstrueux héros.
D’un doigt distrait frôlant la sonore bîva,
À travers les bambous tressés en fine latte.
Elle a vu, sur la plage éblouissante et plate,
S’avancer le vainqueur que son amour rêva.