Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/289

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Transi sous le léger brin d’herbe du sillon.
Or, Maria, qu’on nomme autrement Myrième,
Vit, ce soir, un point d’or frôler la vitre blême,
Et c’était une abeille, hélas ! près de mourir,
Qui heurtait, espérant que l’on viendrait ouvrir.
La Mère du Sauveur entr’ouvrit la fenêtre.
Elle prit dans ses doigts le pauvre petit être,
Reconnut que c’était la reine d’un essaim,
L’essuya d’un baiser et la mit dans son sein
Pour qu’elle y réchauffât ses deux ailes vermeilles.
Sans cela, les étés n’auraient plus eu d’abeilles.



LA FEMME ADULTÈRE


Un vieillard est assis dans l’ombre sur un banc.
Autour de lui la salle est immense et déserte.
On pourrait voir au loin par la fenêtre ouverte
Jérusalem rougir sous le soleil tombant.

L’œil clos, les bras croisés, et sans qu’un poil ne bouge
De sa barbe touffue ou de ses blancs sourcils,
Cet homme a l’air d’un mort qui se tiendrait assis,
Tant sa forme est rigide en sa tunique rouge.

Mais sous la dureté livide de la chair
Se débat en hurlant l’angoisse intérieure,
Comme un chacal captif qui miaule et qui pleure
Bondit sans l’ébranler dans sa cage de fer.