Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/49

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l’amusait, et parmi les auteurs d’opérettes, de vaudevilles et de mélodrames, il laissait la traînée lumineuse d’un dieu qui passe dans le soir.

Mais, autour de ces maîtres, qui faisait de beaux vers alors ? Auguste Vacquerie, en proie au drame et les yeux tournés vers l’exil d’où devait revenir le Maître, semblait avoir oublié les strophes et les rythmes ; il s’en est souvenu depuis. Louis Bouilhet s’éloignait rarement du théâtre. Léon Dierx, l’un des plus élevés parmi ceux qui devaient venir, ne s’était pas révélé encore. Sully Prudhomme était un nom que l’on ne connaissait pas. Ignoré, François Coppée s’ignorait lui-même. Seul Alphonse Daudet avait publié ses délicates Amoureuses, mais le roman devait bientôt nous le prendre, en nous laissant un long regret. Par exemple, si personne ne faisait de beaux vers, on peut dire que tout le monde en faisait de mauvais ! Hélas ! la fade romance et l’élégie aux rimes pauvres, triomphaient. Faisant voguer des nacelles de papier dans des cuvettes qui croyaient ressembler au lac céleste d’Elvire, repleurant avec des yeux de veau les larmes divines d’Alfred de