Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/86

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Regardez-la marcher parmi les hautes herbes
La fille aux mouvements sauvages et nerveux,
Pendant que sur son front les grands épis des gerbes
Poussiéreux et serrés hérissent ses cheveux !

C’est auprès de Bayeux que je l’ai rencontrée,
Dans un chemin couvert bordé par les pommiers,
Où, la blaude flottante et la jambe guêtrée,
Le nez à l’air rougi, passaient deux gros fermiers.


Ne pourrait-on pas écrire au bas de ce poème : Millet pinxit ? Voici deux autres pièces où l’art parfait du poète triomphe malgré la frivolité des sujets.


L’ART POÉTIQUE DE THÉRÈSE


Hier, penchant sur moi ta mignonne tête
Blonde, où tout sourit et paraît joyeux,
Tu me regardais écrire, inquiète.
Et sur le papier promenant tes yeux.

Tes bras nus sortaient à demi des manches,
Tu me demandas d’un ton enjoué,
Me voyant noircir tant de feuilles blanches,
« Si je travaillais pour un avoué ? »