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gues pièces, où s’affirme, personnel et virilisé, le grand talent lyrique d’Albert Glatigny. Je dois de me borner à de courtes citations.

LA NORMANDE


Elle est belle vraiment, la Normande robuste
Avec son large col implanté grassement,
Avec ses seins, orgueil et gloire de son buste
Que fait mouvoir sans cesse un lourd balancement !

Elle est belle, la fille aux épaules solides.
Belle comme la Force aveugle et sans effroi !
Il faut pour ladorer longtemps des cœurs valides
À l’épreuve du chaud, de la pluie et du froid.

Les phthisiques amants de nos lâches poupées
Reculeraient devant ce corps rude et puissant
Dont les mains, aux travaux de la terre occupées,
Montrent, au lieu des lis, l’âpre rougeur du sang.

Au détour d’un sentier alors qu’elle débouche
Ainsi qu’une génisse errant en liberté.
On croit voir la Cérès indomptable et farouche
Du gras pays normand si riche de santé.