Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/96

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On peut dire que c’est de misère qu’ils sont morts. Le sort a de sinistres ironies : peu de temps après leur fin, un parent de l’un d’eux, je ne sais duquel, mourut, laissant un petit héritage ; et ils eussent été riches s’ils ne s’étaient pas si pressés de mourir.

Il y a quelques jours, à l’Odéon, pendant qu’on applaudissait l’admirable drame de François Coppée, pendant qu’on acclamait le nom de notre cher et glorieux ami, je pensais au poète qui n’est plus. Quelle joie il eût trouvée dans ce triomphe ! Avec quel bon emportement il eût sauté au cou du Parnassien illustre ! Hélas ! il était dit qu’ayant été à la peine, il ne devait pas être à l’honneur.

Du moins son souvenir et son œuvre subsistent : son souvenir dans nos cœurs fidèles à l’amitié que la mort n’a pas rompue ; son œuvre dans tous les bons esprits de la jeunesse nouvelle. Peu célèbre de son vivant malgré quelques succès au théâtre, l’auteur des Flèches d’or est admiré maintenant par tous les nouveaux venus qui communient avec lui dans l’amour de la poésie et de la beauté. Son livre est un de leurs livres de chevet. Ils savent tout ce qu’il y