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GLORIANE

Huit jours plus tard, ils quittèrent Pampelune. Il l’emmenait ; elle se laissait faire. Que lui importait d’être ici ou ailleurs ? Puis, elle commençait à obéir, parce qu’il avait l’air si obéissant. À force de petits services, il se rendait aimable ; et elle le trouvait très drôle, toujours. C’était le lion qui prend l’habitude d’avoir un roquet dans sa cage. Drôle et utile. Elle n’avait jamais aimé à être servie par des femmes. Cela lui plaisait qu’un homme mît les meubles en place, balayât les tapis pendant qu’à demi levée elle chaussait ses pantoufles ; qu’il lui apportât son peignoir et lui peignât les cheveux, en les trouvant beaux. Car la domesticité de Brascassou se compliquait de galanterie. Il fut indispensable. Quand il n’était pas là, elle était toute en peine, incapable de trouver les choses dont elle avait besoin ; il lui arriva de dire un jour : « Vraiment, je ne sais pas comment je ferais sans Brascassou ! » Du reste, il ne la gênait en aucune façon, se retirait à propos, le soir, ou à d’autres heures. Allant de ville en ville, se jetant au cou des aventures, aimant partout, partout aimée, elle put se croire libre comme par le passé. En réalité, elle devenait esclave. Il rôdait si obstiné-