et libre créature, qui s’était laissé mater, par je ne sais quelle hautaine indifférence plutôt que par faiblesse, et qui pouvait secouer la servitude tout à coup. Un hasard avait donné la Frascuèla à Brascassou, un hasard pouvait la lui reprendre. La lui reprendre ! en ce moment ! à l’heure même où, par une fortune inespérée, il allait être, grâce à elle, l’entremetteur bien payé d’un caprice royal ! Ah ! tonnerre de Dieu ! s’il avait tenu entre ses doigts le cou de l’homme qui l’avait emmenée, ce soir, et qui ne la lâcherait plus peut-être ! Brascassou, crispant les poings, songeait, la tête sur une épaule, avec une dure grimace.
— Regardez ! s’écria le prince Flédro-Schèmyl.
— Hein ?
— Regardez, vous dis-je.
Brascassou leva le front. Il vit dans le brouillard gris une longue rue, déserte, silencieuse, aux volets tous fermés ; de loin en loin, au-dessus de murs bas, se hérissaient des arbres dont les branches déchiraient la brume ; il y avait çà et là, d’une toiture à l’autre, un passage bref d’oiseau, qui disparaissait avec un seul cri.
Cette rue, Brascassou ne la connaissait pas. Il