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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/156

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LE ROI VIERGE

le crépuscule livide des frissons de soies bleues, roses, couleur d’or et de flamme, d’où s’envolaient des rubans fous, tout ébouriffés d’air ; et, hors de ces couleurs, s’érigeait une tête noire et luisante, aux dents blanches, aux yeux blancs, pareille à une grosse boule d’ébène lisse, qui serait incrustée de nacre.

Brascassou dit :

— Le négrillon qui est venu chercher Gloriane !

— Oui, peut-être, dit le prince. Voilà bien le costume décrit par le garçon de théâtre. Parbleu ! ce serait une rare chance ! Il faut interroger ce petit homme.

— Non !

— Pourquoi ?

— Il ne répondrait pas, il est saoûl. Il aura passé la nuit à boire et à manger dans la taverne. Puis, le silence doit lui avoir été recommandé, et, ne fût-il pas ivre, il ne nous apprendrait rien.

— Mais, sacrebleu ! il s’en va. Que faire ?

— Le suivre, dit Brascassou.

Ils se mirent en marche derrière le négrillon fantasque qui s’éloignait dans la pénombre avec des battements d’ailes d’oiseau de paradis et des