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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/248

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LE ROI VIERGE

casquettes rouges — jeunes nobles pour la plupart, qui étaient prêts à mourir pour elle parce qu’elle avait des étoiles dans les yeux, et parce qu’elle avait l’habitude de les recevoir, le matin, toute chaude encore de l’alcôve, dans une robe de dentelle si transparente qu’on eût dit un brouillard traînant sur de la neige et des roses. Naturellement, les Casquettes Rouges étaient vues d’un mauvais œil par les Casquettes Jaunes, Vertes, Noires ou Bleues ; de là des injures, des algarades, des duels. Mona Kharis fat brave ! Un soir que quelques-uns de ses fidèles étaient cernés par leurs rivaux dans un cabaret des faubourgs, elle accourut en robe de bal, se jeta dans la mêlée, à travers les cris : « Pereat meretrix ! Pereant scortatores ! » et, le pistolet au poing, elle chargea au premier rang des Casquettes Rouges, pendant que le comte de Hirschstein lui portait la traîne de la jupe, qui la gênait dans la bataille ! Mais le peuple se mêla de l’aventure ; la querelle devint une émeute qui grossit en révolution ; c’était le temps où soufflait de France un vent de colère et de liberté. Mona Kharis dut quitter Nonnenbourg, nuitamment, dans une berline où quatre agents de police lui tinrent lieu de