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LE ROI VIERGE

nait ; et l’air frais des montagnes éteindrait l’effervescence de cette petite cervelle. Des arrangements furent pris avec les diplomates qui s’étaient institués les tuteurs de l’archiduchesse Lisi ; quelques travaux de maçonnerie rendirent à peu près habitable l’aile gauche du vieux château ; et c’est là que dut loger le petit prince, seul, car ses pages, mauvais conseillers d’équipées, avaient été rappelés à Nonnenbourg. La reine Thécla, qui regardait au loin dans l’avenir, entrevoyait-elle déjà la possibilité d’unir son plus jeune fils à l’héritière déshéritée du margrave de Kranach ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, M. de Storckhaus fut médiocrement satisfait de la tournure que prenaient les choses. Gouverneur d’un prince, à la cour d’une grande capitale, c’est une situation que l’on peut envier ; il est moins flatteur d’être, dans une ruine, le gardien d’un enfant farouche. Le digne pédagogue se résigna pourtant. Il avait, grâce à Dieu, un défaut, ou une qualité, qui lui permettait d’occuper ses loisirs. Du Neckar à l’Isar, il n’existait pas un être vivant capable d’absorber des quantités de victuailles, comparables à celles dont M. de Storckhaus s’enflait quotidiennement la panse.