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FRÉDÉRICK

En quelques minutes de contemplation effrayée, il avait, tout gonflé d’un immense dégoût, appris les vils mystères des sexes et la hideur sale de l’accouplement.

Quoi ! telle était la femme, et tel était l’amour ? C’était à cette chose immonde qu’aboutissaient enfin les rêves et les tendresses ? Derrière les sourires des vierges, et leur pudeur rougissante, derrière les hardis dévouements des jeunes hommes épris, il y avait cette ordure ? C’était à une telle boue que conduisaient les pentes du Paradis ! Tous, les chastes guerrières et les beaux chevaliers, les fiancées qui baisent une petite fleur pendant que les fiancés, partis pour quelque voyage, leur écrivent à la lueur de l’étoile choisie, et les fées des poëmes et les princesses des tragédies, devant qui s’agenouillent les Obérons et les Xipharès, tous, ces déesses, ces dieux, ces anges — car l’homme ressemble à l’homme et la femme à la femme — finissaient par être les porcs de la même auge !

Il se révolta contre Cette idée. Il n’était pas possible que la sublimité des songes fût doublée, en tout temps, en tous lieux, chez tout être vivant, de cet accomplissement ignoble. Il ne croyait pas,