Aller au contenu

Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

34
UNE NOCE.

vieillard en blouse tombé en croix sur le cadavre d’une cantinière, et un soldat de la ligne dont la main morte, crispée, serrait la hampe d’un drapeau tricolore.

Ce soldat, serait-ce celui dont m’a parlé mon ami M. A. J. dans son récit de la première manifestation, et qui était, disait-on, un employé de la maison Siraudin ?

Bien d’autres victimes encore ! M. de Pène, directeur du Paris-Journal, dangereusement blessé par une balle qui lui a traversé la cuisse ; M. Portet, lieutenant aux éclaireurs Franchetti, très-gravement atteint au cou et au pied droit ; M. Bernard, un négociant, qui est mort, M. Giroud, un agent de change, qui est mort aussi. À chaque instant, des noms nouveaux s’ajoutent à la funèbre liste.

Où nous conduira cette révolution, qui a commencé par le meurtre de deux généraux et continue par l’assassinat des passants ?

X.

Au milieu de ces effrois et de ces horreurs, j’ai vu une chose triste aussi, souriante pourtant. Imaginez une idylle qui serait une élégie. Trois carosses de louage descendaient la rue de Notre-Dame-de-Lorette ; c’était une noce. Dans la première voiture, il y avait la mariée, assez jolie et toute jeune, qui pleurait. Le marié, dans le second véhicule, n’avait pas l’air content. Les chevaux marchant très-lentement à cause de la descente, je me suis approché et j’ai interrogé un garçon d’honneur. Il s’était passé quelque chose de bien désagréable. On était